Les collaborations école-famille immigrante-communauté (ÉFiC) : multiplier les voix et les regards pour mieux comprendre comment les soutenir

2022-10-21

Les collaborations école-famille immigrante-communauté (ÉFiC) : multiplier les voix et les regards pour mieux comprendre comment les soutenir

Rédactrices invitées

  • Justine Gosselin-Gagné (Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys)
  • Geneviève Audet Ph.D. (Université du Québec à Montréal)

 

Chaque année, des milliers de familles immigrent au Québec et s’y installent. Les profils de chacune d’entre elles diffèrent ; elles viennent des quatre coins du monde et s’expriment dans diverses langues. Le parcours migratoire respectif de chaque famille est lui aussi diversifié à plusieurs égards sur les plans de la planification, de la complexité ou de la linéarité, notamment en raison de divers aléas géopolitiques. Cette réalité engendre différents effets sur le système scolaire de la province, sur les personnels scolaires qui y œuvrent et sur les organismes communautaires qui soutiennent ces familles à travers leur parcours d’intégration. Actuellement, c’est plus du tiers des effectifs scolaires québécois qui sont issus de l’immigration de première ou de deuxième génération ; la majorité d’entre eux est scolarisée dans la métropole montréalaise, mais une présence de plus en plus marquée en dehors de celle-ci est notable (ministère de l’Éducation du Québec, 2020). C’est donc dire que des écoles de la plupart des régions du Québec ont à établir ou établissent déjà des relations avec des familles immigrantes aux profils divers.

Tant sur le plan de la recherche que dans les milieux de pratique, la collaboration école-familles est reconnue comme étant un vecteur de soutien à la réussite éducative, particulièrement lorsqu’il s’agit d’élèves qui éprouvent des difficultés d’apprentissage, sociales ou physiques (Beaupré, Landry et Tétreault, 2010). Depuis plusieurs années, diverses publications ont plus spécifiquement mis en exergue l’importance que revêt cette relation en milieu scolaire pluriethnique (Kanouté et Lafortune, 2011 ; Rachédi et Vatz Laaroussi, 2021). Nonobstant leur importance indéniable, les relations qu’entretiennent les écoles avec les familles immigrantes peuvent toutefois être difficiles à établir et à maintenir en raison notamment d’un manque de ressources ou d’incompréhensions de part et d’autre (Benoit, Rousseau, Ngirumpatse et Lacroix, 2008 ; Charette, 2016).

Dans le même ordre d’idées, plusieurs recherches ont documenté l’importance que revêtent les dynamiques partenariales qu’une école établit avec la communauté qui l’entoure en termes de stratégie pour soutenir la réussite éducative d’élèves vulnérables (Archambault et Harnois, 2008 ; Gosselin-Gagné, 2018 ; Kanouté et Lafortune, 2011 ; Rahm et Lachaîne, 2021). Deslandes (2015), par exemple, soutient que les collaborations qu’une école établit avec divers partenaires externes permettent d’en accroître le capital social. D’autres auteurs soulignent que les ressources communautaires permettent de répondre à certains besoins spécifiques au contexte de diversité ethnoculturelle et de précarité. Pour Kanouté et Lafortune (2011, p.88), en milieu scolaire urbain, « la conjugaison immigration-défavorisation entraîne une demande de ressources coordonnée de la part des milieux pour relever des défis de la réussite scolaire et du bien-être des jeunes ». Nonobstant l’importance des collaborations école-communauté, ces dernières représentent elles aussi certains défis, notamment en termes de difficulté à communiquer, de divergences sur les visions d’intervention, de respect des frontières physiques ou professionnelles de chacun et de maintien des partenariats dans le temps (Gosselin-Gagné, 2018).

D’un point de vue théorique, il est donc établi que, malgré des défis, les collaborations ÉFiC constituent un facteur de protection largement reconnu, surtout lorsqu’il s’agit de contrecarrer les effets d’un cumul de vulnérabilités sociales et scolaires. Il demeure ainsi pertinent de poursuivre les réflexions afin de comprendre comment outrepasser certaines difficultés et varier les manières de les documenter. Concrètement, quelles sont les pratiques récemment mises en place dans les milieux éducatifs à ce sujet ? Ce numéro thématique sera l’occasion d’actualiser l’état des lieux à ce sujet, tant dans le contexte québécois qu’ailleurs dans le monde. À travers trois axes, les regards de divers acteurs seront croisés pour une compréhension plus riche des dynamiques entourant la mise en place ainsi que le maintien d’espaces de collaboration ÉFiC :

1)         Les relations ÉFiC par les personnels scolaires

2)         La parole aux familles immigrantes

3)         L’apport de la communauté

Ainsi, au fil des différents articles, il sera discuté des défis actuels liés à ces dynamiques relationnelles, mais également, de différentes initiatives en place dans les milieux telles que la présence d’intervenants communautaires déployés dans certaines écoles. Les divers articles de ce numéro thématique permettront de présenter des résultats de recherche recueillis à l’aide d’une variété de méthodologies (ex. : récits de pratique, ethnographie scolaire, etc.), facilitant ainsi la consolidation des connaissances scientifiques et pratiques quant aux collaborations ÉFiC en contexte de diversités sociale et ethnoculturelle, et des caractéristiques qui les soutiennent.

Ce numéro thématique se veut une occasion de multiplier les voix et les regards à propos des collaborations ÉFiC. Pour y arriver, deux manières complémentaires seront mises de l’avant. Une première consistera à aborder ces relations selon différents protagonistes, permettant ainsi d’entendre les voix de ceux et celles qui sont partie prenante de cette relation, et d’en cerner les enjeux tels qu’ils les vivent. Une deuxième permettra de présenter les regards complémentaires de personnes chercheuses, étudiantes et œuvrant en milieu scolaire ou communautaire, pour être en mesure de faire dialoguer la recherche et la pratique.

Milieu de recherche

Articles scientifiques :  6000 mots (références exclues), arbitrage à l’aveugle par deux chercheurs :

Nous accepterons dans cette catégorie des articles scientifiques « classiques ». Cependant, chaque article soumis dans cette catégorie devra être accompagné d’un texte à caractère vulgarisateur d’environ deux pages s’adressant directement aux praticiens et professionnels de l’éducation. Voici un exemple d’article scientifique (http://revues.uqac.ca/index.php/rhe/article/view/503/834) et son texte de vulgarisation (http://revues.uqac.ca/index.php/rhe/article/view/503/835). Les articles soumis dans cette catégorie présenteront des données de recherche originales ou une réflexion théorique visant à faire avancer le champ.

Milieu scolaire 

Article professionnel : 3000 à 5000 mots (références exclues), arbitrage par les rédacteurs invités et un membre du comité scientifique de la revue :

Nous accepterons des articles professionnels écrits par (ou en collaboration avec) des acteurs des milieux scolaires (enseignants, directions, conseillers pédagogiques, etc.). Les articles de cette catégorie peuvent témoigner de projets éducatifs novateurs, décrire une pratique, une expérience, une innovation, ou une situation de transfert de connaissance ou présenter toute autre initiative pédagogique favorisant le développement des pratiques.

Place à la relève scientifique

Article par un étudiant gradué ou pour lequel un étudiant gradué est le leader : 3000 à 5000 mots (références exclues), le premier auteur doit être un étudiant gradué, arbitrage à l’aveugle par un étudiant gradué et un chercheur :

Il s’agit là d’une rubrique donnant un espace aux étudiants de cycles supérieurs pour présenter leur projet de recherche (en cours ou terminé), ainsi que différentes actions novatrices ou réflexions contribuant à leur démarche de formation scientifique.

Calendrier

21 octobre 2022

Appel à contributions (avis d’intention)

25 novembre 2022

Réception des avis d’intention

Décembre 2022

Réponse aux auteurs

24 mars 2023

Réception des textes pour évaluation

Été 2022

Réponse aux auteurs

Novembre 2023

Réception des textes finaux

Évaluation de l’avis d’intention :

  • Pertinence et originalité de la proposition (20%)
  • Pertinence et profondeur du traitement du sujet (60%)
  • Apport à la diversité des pratiques, des milieux et des secteurs institutionnels au sein de l’ouvrage collectif (20%)

Évaluation de l’article : selon les critères de la revue.