La reconnaissance et la validation des acquis à l’université: Enjeux passés et présents, modèles pour l’avenir

2021-12-16

Problématique

Dans tous les pays occidentaux, la mise à l’agenda, depuis le processus de Bologne (Pitseys, 2004) jusqu’à aujourd’hui, de stratégies communes pour développer et accréditer les compétences des sortants de formation comme des actifs en reprise d’études a mené les établissements à intégrer dans leur offre des dispositifs de reconnaissance et de validation des acquis de l’expérience (RVAE[1]). En France (2002) et au Luxembourg (2009), comme au Canada, ces procédures de reconnaissance et de validation des acquis mènent à la certification partielle ou totale des diplômes existants.

Au Canada, ce développement est passé par des vagues d’essoufflement et de renouveau (Comité interministériel sur la reconnaissance des compétences des personnes immigrantes, 2017), mais l’accélération des processus migratoires, conjuguée à la mondialisation croissante du marché de l’emploi, a remis en évidence l’importance de la RVAE (Fulton et al., 2016). On constate aussi une tendance à l’échelle mondiale à affirmer et à réaffirmer son importance pour un développement durable des sociétés du XXIe siècle (UNESCO, 2002, 2012). Si la non-reconnaissance des acquis entraîne des coûts sur les plans humain, social et économique (Bellemare, 2016), l’ouverture des institutions à la RVAE constitue un pilier fondamental du principe d’éducation tout au long de la vie, lequel s’impose comme un incontournable du développement social et économique, notamment par le développement de l’économie du savoir (Bélisle et Boutinet, 2009 ; Liétard, 2017). Toutefois, la RVAE demeure complexe, non seulement à traiter mais aussi à aborder en contexte universitaire. Il est donc nécessaire de développer une réflexion tenant compte de cette complexité (Houot, 2014 ; Mayen et Métral, 2008).

En effet, les universités demeurent à ce jour peu actives, voire exclues de ce processus. L’université décerne des diplômes qui lui sont propres et qui reflètent l’expertise disciplinaire de son corps professoral. Ainsi, il y est particulièrement complexe de reconnaître complètement un diplôme ou d’élaborer des méthodes normalisées de RVAE (Chastel et al., 2016). Les personnes responsables d’évaluer les demandes de RVAE en milieu universitaire étant des spécialistes disciplinaires, elles ne sont que très rarement des spécialistes de la RVAE. Par ailleurs, le savoir universitaire se déploie sur des bases théoriques et scientifiques, ce qui a fait dire à certains que l’expérience ne répond pas à ces exigences (Landry, 1986). Outre que cette discordance peut s’avérer créatrice (Clot et Prot, 2003), il a été démontré que l’expérience permet une profondeur de compréhension qu’on retrouve rarement dans la formation universitaire (Barrette et de Champlain, 2017; Pastré, 2011). Comment alors établir ce dialogue ?

La RVAE universitaire fait l'objet d'un intérêt scientifique (Bernal Gonzalez et al., 2020 ; Cherqui-Houot, 2001, 2009 ; Morin, 2015) et d’un développement croissants (Glauser, 2018 ; Ouellette, 2006 ; Shaffer et Groupe de réflexion et d’action sur la RAC, 2010). Ce numéro spécial propose donc un lieu d'échanges et de réflexions intersectoriels sur la RVAE universitaire. Le comité de rédaction souhaite ainsi créer une rencontre touchant des acteurs très variés de la RVAE, au niveau de sa mise en œuvre, de son développement institutionnel, de ses fondements et des résultats de recherche empirique, de même qu’une rencontre entre les pratiques canadiennes et européennes qui sont le plus souvent étudiées comme des réalités séparées.Nous accueillons donc les contributions scientifiques relatives aux :

  • résultats de recherche portant sur la RVAE universitaire;
  • dimensions théoriques de la reconnaissance universitaire de l’expérience.

Nous accueillons les contributions professionnelles relatives aux :

  • pratiques et développements de la RVAE au niveau universitaire;
  • réciprocités entre la RVAE universitaire et celle aux autres ordres d'enseignement.

L’équipe de rédaction propose une réflexion sur les enjeux propres à la reconnaissance et à la validation des acquis de l’expérience par l’université, notamment en réactivant leurs liens théoriques et pratiques avec les histoires de vie en formation  ainsi qu’avec les différents courants de pensée liés à l’analyse de l’activité humaine qui ont participé à la mise en place des premiers dispositifs de RVAE (UNESCO, 2021), en examinant l'évolution de ses fondements et en proposant des discussions et des échanges entre les perspectives des chercheurs et des professionnels. Un accompagnement à la révision des textes professionnels est prévu pour favoriser ce type de contributions. Ce numéro spécial vise ainsi une réflexion sur les modèles possibles de la RVAE universitaire pour une réflexion et une capacité d’action accrues.

Milieu de recherche

Articles scientifiques :  6000 mots (références exclues), arbitrage à l’aveugle par deux chercheurs :

Nous accepterons dans cette catégorie des articles scientifiques « classiques ». Cependant, chaque article soumis dans cette catégorie devra être accompagné d’un texte à caractère vulgarisateur d’environ deux pages s’adressant directement aux praticiens et professionnels de l’éducation. Voici un exemple d’article scientifique (http://revues.uqac.ca/index.php/rhe/article/view/503/834) et son texte de vulgarisation (http://revues.uqac.ca/index.php/rhe/article/view/503/835). Les articles soumis dans cette catégorie présenteront des données de recherche originales ou une réflexion théorique visant à faire avancer le champ.

Milieu scolaire 

Article professionnel : 3000 à 5000 mots (références exclues), arbitrage par les rédacteurs invités et un membre du comité scientifique de la revue :

Nous accepterons des articles professionnels écrits par (ou en collaboration avec) des acteurs des milieux scolaires (enseignants, directions, conseillers pédagogiques, etc.). Les articles de cette catégorie peuvent témoigner de projets éducatifs novateurs, décrire une pratique, une expérience, une innovation, ou une situation de transfert de connaissance ou présenter toute autre initiative pédagogique favorisant le développement des pratiques.

Place à la relève scientifique

Article par un étudiant gradué ou pour lequel un étudiant gradué est le leader : 3000 à 5000 mots (références exclues), le premier auteur doit être un étudiant gradué, arbitrage à l’aveugle par un étudiant gradué et un chercheur :

Il s’agit là d’une rubrique donnant un espace aux étudiants de cycles supérieurs pour présenter leur projet de recherche (en cours ou terminé), ainsi que différentes actions novatrices ou réflexions contribuant à leur démarche de formation scientifique.

Calendrier

- 15 décembre 2021: Appel à contributions (avis d’intention)

- 31 janvier 2022: Réception des avis d’intention

- 15 février 2022: Réponse aux auteurs

- 31 mai 2022: Réception des textes pour évaluation

- 31 août 2022: Réponse aux auteurs

- 15 octobre 2022: Réception des textes finaux

 

Évaluation de l’avis d’intention :

  • Pertinence et originalité de la proposition (20%)
  • Pertinence et profondeur du traitement du sujet (60%)
  • Apport à la diversité des pratiques, des milieux et des secteurs institutionnels au sein de l’ouvrage collectif (20%)

Évaluation de l’article : selon les critères de la revue.

 

[1] La formule de RVAE est utilisée ici pour décrire l’ensemble des pratiques de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) et de validation des acquis de l’expérience (VAE).