Appel à contribution, numéro 6, 2022

2021-11-29

Les mutations organisationnelles : entre pénurie de personnel et crise sanitaire

 

Derrière la crise sanitaire s’est révélée une formidable capacité managériale à se réinventer afin d’assurer une progression et une pérennité organisationnelle. Tout ceci ne s’est pas matérialisé en sortant un lapin d’un chapeau, mais bien par une introspection en regard des défis émanant du marché du travail et par une lecture réflective des besoins de la force active de travail. Cette combinaison de l’analyse stratégique et humaine a permis le développement de perspectives différentes, mais fascinantes, évoquant à la fois la capacité d’adaptation des travailleurs et des employeurs afin de mieux cerner les besoins de ce marché du travail en pleine mutation.

 

Le télétravail, à temps plein ou en mode hybride, constituait dans l’ère prépandémique une solution faiblement adoptée alors qu’aujourd’hui elle devient pratiquement la norme. La demande est telle de la part des employés que le fait d’ignorer cette nouvelle tendance pourrait occasionner des difficultés majeures pour une organisation. Ainsi la société du travail doit désormais composer à la fois avec les changements provoqués par cette crise sanitaire, mais également avec une pénurie de personnel qui frappe de plein fouet. Pratiquement tous les secteurs d’activités sont touchés et les conséquences sont dramatiques. On observe une hausse du temps supplémentaire obligatoire dans le secteur hospitalier, la fermeture prématurée dans la restauration ou l’incapacité des organisations à assurer une dotation fonctionnelle dans les entreprises manufacturières.  La problématique semble structurelle et les réponses ne viendront probablement pas uniquement d’un afflux de main-d’œuvre soudain, mais également par la remise en question des pratiques managériales.

 

Certaines organisations relèvent le défi en procédant à une mutation de leurs pratiques de gestion. D’autres, a contrario, périclitent dans leur traditionalisme et s’exposent à de fortes régressions pouvant conduire à une fermeture définitive de l’organisation. Quelles pratiques permettent de mieux tirer son épingle du jeu?  À titre d’exemple, des entreprises se tournent vers un nouveau courant d’organisation du travail, l’entreprise libérée, afin de trouver une réponse aux contraintes de rareté de la main-d’œuvre. Ce courant s’inscrit comme une solution valorisante en affranchissant les employés du contrôle hiérarchique. Jouant la carte du renforcement de l’employabilité, de la responsabilisation et de l’augmentation du sentiment d’estime de soi, ce modèle semble porteur d’espoir. D’autres entreprises développent actuellement une opération de mise en valeur en bonifiant les lieux de travail. Issu des thèmes du bonheur au travail et de la quête de sens, ce type de courant permet aux entreprises de construire leur statut d’employeur de choix et ainsi favoriser leur capacité d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. On assiste ainsi à la revalorisation de milieux de travail où peuvent se marier plaisir, socialisation et travail.

 

On ne peut qu’admirer la créativité des organisations tout en soulignant à quel point celles qui maintiennent le statu quo risquent de s’enfoncer dans une forme de sables mouvants organisationnels. Les phénomènes de mutation qui se profilent sous nos yeux font ressortir le caractère extraordinaire de la situation. L’organisation du travail, qui définit la relation d’emploi des salariés avec la direction, a été principalement développée sur le modèle d’une hiérarchie forte tout au long du vingtième siècle. Les travailleurs ont certes réalisé des gains progressifs de leurs conditions de travail à la suite de combats syndicaux, mais rien n’a été simple dans la construction d’un régime adapté de conditions de travail. On assiste maintenant à un revirement qui a pris par surprise les tenants des méthodes classiques de gestion et qui ouvre la porte à des méthodes novatrices afin de conjuguer les défis des environnements interne et externe. La perspicacité face aux besoins d’une main-d’œuvre changeante, couplée avec une volonté managériale de se reconstruire en remisant les pratiques vieillissantes et désadaptées, conduit à une lecture contemporaine et créative du monde du travail. L’avenir appartient donc aux organisations qui auront développé une sensibilité à l’égard des besoins des parties prenantes tributaires du succès collectif.

 

Cet appel à proposition vise à rassembler des communications qui traiteront de solutions aux mutations organisationnelles qui s’opèrent actuellement. Ces réponses peuvent émaner de la présente crise sanitaire, de la pénurie de personnel ou d’autres contextes affectant les organisations et qui nécessitent des ajustements singuliers.

 

Le comité de rédaction d’Ad Machina tient à souligner la participation de tous ses partenaires et contributeurs au fil des ans. L’engouement constaté à chaque numéro témoigne de l’importance de cet espace de diffusion en libre accès afin de permettre à la communauté scientifique de partager leurs connaissances. Nous espérons avoir le plaisir de vous lire pour ce sixième numéro.

 

 

Le comité éditorial,

Eric Jean, Université du Québec à Chicoutimi

Olivier Gagnon, Université du Québec à Chicoutimi

Andrée-Ann Deschênes, Université du Québec à Trois-Rivières

Guy Arcand, Université du Québec à Trois-Rivières

 

Calendrier :

  • Novembre 2021: appel à contribution
  • 14 février 2022: date limite pour l’envoi des propositions (environ 1000 mots)
  • 21 février 2022: réponse aux auteurs
  • 13 mai 2022: date limite pour l’envoi des textes complets par les auteurs pour évaluation
  • Juin à août 2022: processus d'évaluation et réponse aux auteurs
  • 14 octobre 2022: date limite pour l’envoi des textes finaux par les auteurs
  • Novembre 2022: préparation et validation des épreuves pour publication
  • Décembre 2022: mise en ligne du numéro

 

Les propositions d’articles* doivent être soumises à l’attention des deux personnes suivantes :

Eric Jean, directeur de la revue : eric.jean@uqac.ca

Andrée-Ann Deschênes, rédactrice : Andree-Ann.Deschenes@uqtr.ca

 

* Les articles acceptés pour publication seront publiés dans la rubrique « Articles de recherche » (études empiriques) ou « Perspectives théoriques » (modèles, positionnement théorique, prospectives et autres réflexions de nature académique). Veuillez spécifier la rubrique dans votre proposition, de même que l’ensemble des auteurs, leur titre et leur affiliation.